Richard Burns Rally

Annoncé en Août 2002, en même temps que l’accord passé entre SCi et Richard Burns en personne, Richard Burns Rally avait fort à faire face au mastodonte qu’est Colin McRae Rally dans la catégorie simulation. Annoncé dès le départ par ses développeurs comme ultra-réaliste, ce nouveau venu l’est comme jamais personne n’avait osé le faire. Dépassant le stade de jeu, le titre de Warthog fait clairement dans la simulation pure et dure et renvoi directement Colin McRae 04 au rang de jeu d’arcade. Un titre à ne pas mettre entre toutes les mains !

Ceux qui pensaient avoir tout vu en matière de réalisme et de prise de tête avec le dernier mode de Colin McRae 04 (à se frapper la tête contre la console) vont pouvoir remballer leurs idées reçues car Richard Burns Rally ne rigole vraiment pas ! A tel point que l’on se demande si il peut être considéré comme un jeu… Si pour vous Flight Simulator en est un, alors peut-être éprouverez vous du plaisir à jouer à Richard Burns Rally. Si par contre la dimension « fun », même minime, est pour vous un facteur déterminant dans l’achat d’un jeu vous pouvez d’ores et déjà passer votre chemin, le titre de SCi et de Warthog est un monument de réalisme et donc de rigueur à tous les niveaux.

Testé en ce qui nous concerne sur une version commerciale Xbox, le premier problème ne tarde pas à apparaître : le pad ! Impossible de jouer convenablement à Richard Burns avec celui-ci, l’achat d’un volant digne de ce nom est obligatoire. Si sur PS2 on trouve assez facilement, avec le GT Force et sa nouvelle version le GT Force Pro, un compagnon de choix, sur Xbox les possibilités sont extrêmement limitées. Pour ne pas dire inexistantes puisque aucun volant officiel ne dispose d’un retour de force convenable sur ce support et que la plupart ne possèdent ni pédales, ni leviers de vitesse capables d’encaisser dans la durée les chocs qu’imposent la conduite du jeu. Bref, sur PS2 le constat est peut-être tout autre mais nous n’avons malheureusement pas pu nous y essayer.

Ceci étant dit, Richard Burns Rally possède tout de même pas mal de qualités et innove sur bien des points. Avec par exemple son système de météo qui autorise le choix des conditions climatiques sur tous les circuits du jeu, la gestion des dégâts localisés d’une précision jamais atteinte, les notes du copilote dont le timing est réglable à volonté, ou encore des possibilités de réglages mécaniques hallucinantes, très proches de la réalité et disponibles en masse. En ce qui concerne la conduite, l’orientation est claire dès les premiers tours de roues. Richard Burns c’est du réalisme à en pleurer. Appuyez à fond sur l’accélérateur et la voiture fera immédiatement un tour sur elle même. Un coup de frein trop appuyé et c’est le tout droit assuré. Une roue dans un fossé et vous pouvez tout de suite oublier le chrono. En fait, on se rapproche énormément du modèle physique que propose Gran Turismo en course de GT sur bitume. A savoir un freinage précoce dosé minutieusement avec anticipation maximale de la courbe, et une ré-accélération progressive en sortie de virage. Sauf que là on est sur la terre, dans la boue, et les ornières et pièges divers sont légion. Un enfer pour ceux qui, comme moi, viennent de passer quelques dizaines d’heures sur RalliSport Challenge 2, mais là n’est pas le sujet, les deux titres n’ayant comme point commun que le mot « rallye ».

Heureusement, pour que tout le monde sache de quoi il retourne dès le départ, Richard Burns Rally offre un « Manuel de Politage » (bouh la vieille faute) complet de 40 pages et un didacticiel assez efficace, et obligatoire pour qui voudra maîtriser la bête. Sobrement nommé Ecole de Rallye, il vous apprendra tout d’abord les bases du maniement d’un monstre de 300 chevaux via de petites épreuves comme un test de freinage sur gravier, comment prendre une épingle au frein à main, accélérer et freiner au bon moment tout en étant bien positionné par rapport à la trajectoire idéale, etc. Cette maniabilité qui s’avère extrêmement pointilleuse et réaliste, ne laisse aucune place au fun et au feeling, toute action doit être pensée et calculée avec le plus grand soin. Une fois cette première partie effectuée (certains auront déjà jeté le pad de dépit), un deuxième didacticiel proposera aux acharnés d’apprivoiser les Techniques Avancées et vous pourrez enfin vous lancer dans un championnat proposant une saison de rallye (inaccessible au départ).

Avec trois niveaux de difficulté (Débutant, Professionnel et Champion) et la possibilité de choisir parmi quatre types de dégâts, sur lesquels je reviendrai plus loin, ce championnat est tout sauf une partie de plaisir. Entre la maniabilité qui ne pardonne aucune fantaisie et le soin apporté aux différents tracés, tant au niveau topographique qu’au niveau des surfaces et du comportement de la voiture sur celles-ci, RBR s’adresse clairement aux joueurs possédant des nerfs d’acier et une certaine connaissance de la discipline dans le monde réel. Ceci dit, ce championnat vous fera traverser six pays (Angleterre, Japon, Finlande, Etats-Unis, France et Australie) comptant chacun six spéciales caractéristiques. Une grosse trentaine de courses donc que vous pourrez parcourir à bord de huit voitures officielles (Subaru Impreza 2003, Toyota Corolla, Mitsubishi Lancer Evo VII, Peugeot 206 WRC, Citroën Xsara T4, etc.), mais n’ayant pas les couleurs de la saison en cours. A ce sujet, seules les trois premières voitures citées sont disponibles au départ et les autres devront être débloquées.

Pourvu donc d’un réalisme poussé à l’extrême que ce soit du côté du modèle physique ou des tracés, RBR peine cependant à convaincre dès qu’on aborde le côté technique. Seules les voitures, modélisées assez soigneusement et bénéficiant d’effets de reflets sur les vitres très jolis, s’en tirent à peu près bien. Les décors, bien que proches de la réalité (on différencie sans mal une étape anglaise d’une étape australienne), sont assez pauvres en détails. Et ce ne sont pas les textures grossières et la végétation majoritairement en 2D qui bave qui vont rattraper cette vilaine impression de jeu pas tout à fait terminé. Les temps de chargement ne sont pas en reste et sont généralement longs (surtout dans le mode Ecole de Rallye ou à chaque fois qu’on recommence une course le jeu la recharge entièrement au lieu de la stocker en mémoire). Notez également que le jeu ne propose que trois vues : Une interne à la visibilité très réduite, une pare-choc qui augmentera sensiblement la vitesse de défilement assez faible de RBR, et enfin une extérieure qui n’apporte pas grand chose puisque les sensations de pilotage seront alors extrêmement réduites.

Terminons avec deux ou trois détails et le choix entre les quatre types de dégâts évoqués plus haut. Le premier (Non) permettra de faire absolument n’importe quoi avec sa voiture sans craindre le moindre ennui mécanique, seule la carrosserie se déforme. Le deuxième (Sans) offrira les dégâts sur la carrosserie et un minimum de pannes mécaniques. Le troisième (Réduits) affichera également les dégâts visuellement mais les pannes seront plus nombreuses. Et enfin, le dernier (Réalistes), permettra d’expérimenter ce qui fait que de temps en temps on voit un pilote de rallye en train de défoncer rageusement du poing son volant. Ce qui pose tout de même un problème vu que les deux premiers types de dégâts font presque de RBR un jeu d’arcade et donc sans intérêt vu la concurrence dans ce domaine sur Xbox. Et que les deux derniers rendront rapidement fou n’importe quel joueur n’ayant pas envie de s’investir plusieurs heures dans un jeu avant de commencer à le prendre en main. Par contre, si vous êtes de ceux qui dorment avec un casque en marmonnant pendant votre sommeil « 90 gauche se resserre, ne pas couper ! », ces deux derniers modes seront un choix judicieux permettant de profiter pleinement du jeu et des sensations qu’il offre.

Quelques petits bugs frustrant sont malheureusement de la partie et, à titre d’exemple, en mode réaliste, il m’est arrivé de casser le moteur en tapant à 50 Km/h l’avant gauche de la Subaru contre un ridicule buisson (certainement en titane le bougre) de 50cm de haut. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Les cris du copilote (Nooooo !!) lors des chocs (si on peut appeler ça un choc) auront vite fait de vous agacer. Et le système qui permet de faire appel à une assistance lorsque la voiture est sur le toit ou en difficulté (puisque pas un seul bouton ne permet de remettre directement la voiture sur la route) donne lieu à des situations particulièrement risibles. Par exemple, les spectateurs et commissaires de course qui vont chercher la voiture en bas d’un bon gros ravin de montagne et, hop, qui la replace sur la route en deux coups de cuillère à pot. Le multijoueur quant à lui est plus anecdotique qu’autre chose puisqu’il ne propose que du jeu à quatre chacun son tour, sur une spéciale ou un rallye tout entier. Notez enfin que le jeu propose une compatibilité Xbox Live permettant uniquement d’enregistrer et de comparer vos meilleurs temps.

Technique

Les décors sont bien souvent vides et la végétation qui borde les routes est particulièrement ratée. Seuls les arbres au loin et les voitures s’en sortent à peu près. Heureusement, le moteur 3D fait son travail sans broncher.
10/20

Audio

Proposant du son Dolby Digital, RBR ne fait pas de fausses notes de ce côté. Que ce soit au niveau des divers bruitages, des vrombissements de moteurs ou des musiques des menus, Warthog a fait du bon boulot.
15/20

Jouabilité

RBR s’adresse clairement aux fans de simulations pures et dures équipés en conséquence, le jeu au pad ne permettant pas d’apprécier le modèle physique. La prise en main est ardue mais pas impossible, du réalisme pur !
13/20

Intérêt

Si vous recherchez un jeu réaliste à l’extrême, à la prise en main ardue, mais aux graphismes moyens, RBR est un bon choix. A contrario, si la patience n’est pas une de vos vertus, passez votre chemin…
13/20

NOTE GLOBALE
Richard Burns Rally offre sur Xbox exactement l’inverse de ce que propose RalliSport Challenge 2. C’est à dire une prise en main longue et difficile, due à un modèle physique ultra-réaliste. Une sensation de vitesse assez faible de façon à mieux gérer les subtilités du pilotage et des réglages mécaniques à faire pâlir n’importe quel autre jeu du genre. Le tout est malheureusement accompagné de graphismes simplistes et de petits bugs assez frustrants au niveau de la gestion des dégâts (cf. les buissons en titane). De plus, pour profiter pleinement du titre de Warthog l’achat d’un volant digne de ce nom est obligatoire. N’oublions pas non plus que le jeu ne propose que huit voitures, 36 circuits et un mode multijoueur anecdotique, ce qui est plutôt léger par rapport à la concurrence. RBR ne fait clairement pas dans le grand public et s’adresse à un petit groupe d’avertis, passionnés du genre et possédant des connaissances de la discipline dans le monde réel et des sports mécaniques en général. Bref, si vous hésitez, arrangez vous pour essayer le jeu et faites uniquement la partie Ecole de Rallye, vous serez immédiatement fixé. Un titre réaliste à l’extrême à ne pas mettre entre toutes les mains qui, on l’espère, saura gommer ses défauts et s’étoffer dans un deuxième volet.
13/20

+ Simulation pure et dure
+ Les réglages mécaniques
+ Le système de météo
+ L’ambiance en général – Les décors vides
– Les temps de chargement
– Peu de voitures et circuits
– Quelques petits bugs