Ninja Gaiden

Le ninja virtuel le plus célèbre avec Hotsuma (Shinobi), j’ai nommé Ryu Hayabusa, débarque en exclusivité sur Xbox dans un jeu d’action 3D qui va en laisser plus d’un bouche bée ! Soigné graphiquement, furieux au niveau du gameplay et proposant un mélange de genres particulièrement efficace, Ninja Gaiden est sans aucun doute le nouveau hit de la Team Ninja et un des plus beaux jeux de la Xbox !… Alors voyons en détail ce qu’a bien pu mettre Tecmo dans ce fameux DVD…

Nommée « Ninja Ryukenden » (Ninja Dragon Sword Legend) au pays du soleil levant et apparue pour la première fois sur borne d’arcade en 1988, puis adaptée sur NES un an plus tard, la série des Ninja Gaiden n’a connu que trois déclinaisons (n’est pas Capcom qui veut). Toutes sont sorties sur NES, mais d’autres plateformes comme la Lynx, la Game Gear, la Master System, la PC Engine ou encore la MegaDrive ont eu droit à au moins un épisode. D’ailleurs, petite originalité de cette version Xbox, ces trois Ninja Gaiden originaux sont présents sur le DVD, mais il vous faudra les débloquer avant d’y jouer… Ninja Gaiden sur Xbox n’est donc pas un jeu avec un univers créé de toute pièce mais bien une réactualisation d’une série qui hante nos machines préférées depuis plus de quinze ans.

Mais, au même titre que pour le 1er Metroid sur NES et le Metroid Prime de la GameCube, les avancés technologiques et les innovations faites en terme de gameplay permettent aujourd’hui de faire ressurgir du passé des séries plus ou moins tombées dans l’oubli avec toute la classe et le panache qu’elles méritent. C’est bien évidemment la cas avec ce nouveau Ninja Gaiden qui profite, pour le plus grand bonheur des fans de la série et de jeux d’action, de tout le savoir-faire de la Team Ninja et de la puissance de la Xbox…

Comme avec ses autres productions Xbox (DOA3, DOAX) les développeurs japonais nous ont longuement abreuvé de screenshots aguicheurs en haute résolution, de vidéos bien lisses faisant la part belle à l’action et de tout ce qui était en leur pouvoir pour nous faire baver devant notre écran. Aujourd’hui, après une attente interminable et trois E3 plus tard, Ninja Gaiden s’est enfin décidé à traverser l’Atlantique et se livre à nous dans toute sa splendeur. Pas que le jeu soit particulièrement innovant ou révolutionnaire, il est tout simplement développé avec grand soin, très travaillé à tous les niveaux, et ça se sent dans les moindres détails.

Par où commencer ?… C’est une très bonne question tant tout est fait dans Ninja Gaiden pour flatter les sens. Peut-être par le scénario… Sans trop en dire, quelques petites surprises sont au menu même si ce n’est pas de ce côté là que le jeu prend toute son ampleur, Ninja Gaiden vous fait vivre la vengeance de Ryu Hayabusa, digne héritier de la Lignée des Dragons… Son village brûlé, son clan massacré et son amie, Kureha, tuée, il décide de régler son compte au responsable, Lord Doku. Armé de sa fidèle Dragon Sword, une épée sacrée qui se transmet de génération en génération depuis des temps immémoriaux, notre héros va donc partir en chasse et traverser moult lieux, affronter mille dangers pour assouvir sa soif de vengeance. A ce sujet, ceux qui ont joué aux anciens volets le savent, Ninja Gaiden n’hésite pas à mêler des environnements très japonais médiéval/fantastique avec des complexes high-tech comme un laboratoire, ou encore à inclure des engins énormes comme le fameux dirigeable. En découle une variété impressionnante des lieux traversés, avec un level design et une cohérence frisant la perfection, toujours au top du top en ce qui concerne les graphismes.

Puisqu’on en parle, avec trois ans de développement, on était en droit d’attendre quelque chose de faramineux… La Team Ninja fait honneur à sa réputation car au niveau des graphismes et de l’animation le jeu est réellement bluffant. Certainement le plus beau jeu du genre sur Xbox et même toutes plateformes confondues. Les effets spéciaux sont légions (transparence, ombres, reflets, effets de particules, bump-mapping, etc), les textures sont plaquées à la perfection et leurs couleurs ont été méticuleusement choisies, la fluidité de l’animation est constante, les explosions et effets de lumières sont dignes d’un Pandora Tomorrow, sans parler des cinématiques à couper le souffle ! Bref, même si depuis l’apparition des 128 bits on s’est quelque peu habitué à cette qualité graphique, la claque visuelle que Ninja Gaiden nous colle montre bien tout le soin apporté à ce titre. Ce n’est certainement pas de ce côté là que l’on pourra formuler des reproches à son encontre…

Pourtant, et j’attaque là la partie la plus délicate et la plus discutable du jeu, il y a tout de même au loin une ombre qui se profile sur ce tableau idyllique. Je veux bien sûr parler de la gestion de la caméra. Dans Ninja Gaiden les développeurs ont opté pour une caméra dynamique. Comme dans Dead or Alive 3, elle zoom et dé-zoome à tour de bras, tourne et vire-volte dans tous les sens… Impossible de la contrôler avec le stick droit puisque dès que vous vous en servirez vous passerez en vue à la 1ère personne avec l’impossibilité de se déplacer à la clef. Par contre, d’une simple pression sur la gâchette droite, il est possible de la recentrer de façon à ce qu’elle montre ce que l’on a en face de soit. Déroutant lors des premières parties, je dois avouer que, passée une petite phase d’apprentissage, on s’y fait quand même très rapidement. L’inconvénient est évident, dans les lieux les plus exigus, vous aurez parfois droit à un mur ou à un bout de poteau en plein milieu de l’écran. L’avantage, et il vous sautera à la figure dès les premiers combats du jeu, c’est que ces phases de bastons sont d’un dynamisme et d’une violence à en faire pleurer Dante de Devil May Cry. L’impression de puissance et de maîtrise du héros s’en trouvent décuplés et les commandes réagissent avec une telle précision que, après quelques heures de jeu, le handicap n’en est plus vraiment un…

En ce qui concerne le gameplay, Ninja Gaiden est un véritable hybride. Loin des productions actuelles de plus en plus axées vers l’infiltration et la furtivité, il propose un mélange de plate-forme, d’aventure (recherche de clefs, d’items spéciaux), quelques petites énigmes (à base de mécanismes à enclencher), mais surtout des phases de combat pensées comme un véritable jeu de baston. Les différentes armes que vous manierez au fil du jeu (13 au total en incluant les variantes) comptent des dizaines de combos chacune, et pour chaque type d’ennemi il faudra trouver le combo qui fait mal. Ne comptez pas sur une promenade de santé, le moindre petit ninja de base peut vous occire en 3 ou 4 coups ! Concrètement, la première chose à savoir, et vous l’utiliserez dès le premier combat du jeu sous peine de subir un méchant Game Over (le premier d’une longue série), est qu’il faut parer les attaques adverses avec la gâchette gauche. On peut ensuite enchaîner sur des combos pendant la parade (mais pas forcément). Les attaques avec les armes de mêlée se font avec le bouton bleu pour des attaques rapides mais peu puissantes, et avec le jaune pour l’effet inverse. Sachez également que lorsque un ennemi meure, il lâche une petite sphère de lumière. Bleue pour la vie, rouge pour la magie et jaune pour les attaques spéciales. En effet, en laissant le bouton jaune appuyé quand une sphère jaune traîne dans les parages, Ryu l’aspire et déclenche alors une attaque spéciale de niveau 1. Si deux sphères jaune sont aspirées l’attaque est de niveau 2, etc… Un système qui n’est pas sans rappeler celui d’Onimusha, et ce n’est pas la seule similitude entre ces deux jeux. L’interface de l’inventaire est, par exemple, quasiment la même. D’où une certaine efficacité…

J’ai cité la magie dans le paragraphe précédent, elle tient une place très importante dans Ninja Gaiden. Enfin, si vous souhaitez rester en vie bien sûr… Symbolisée tout au long du jeu par la couleur rouge elle permet, après s’être acquitté du parchemin approprié chez Muramasa (le marchand officiel de potions et d’armes), de déclencher des attaques dévastatrices, et salvatrices dans bien des cas. Pour ce faire il suffit d’avoir sa jauge bien remplie et d’enfoncer les boutons Y et B simultanément. En plus de tout cela, sont également à disposition quelques armes de jet comme l’arc, les shurikens, les shurikens enflammés, etc… Pour conclure, vous pourrez upgrader tout cet équipement au fur et à mesure du jeu en allant tout simplement faire un tour chez Murasama, mais bien sûr ce ne sera pas gratuit. Sans oublier que Ryu pourra y acheter divers bracelets lui offrant quelques bonus à l’attaque, la défense, etc… Ninja Gaiden est donc extrêmement complet à ce niveau et l’investissement qu’il demande afin de maîtriser tout cela pourra en rebuter plus d’un, mais je reviendrai dans le dernier paragraphe sur ce sujet…

Qui dit Ninja, dit évidemment mouvements acrobatiques, et de ce côté Ryu Hayabusa n’a vraiment pas à rougir face aux productions du même genre. Le héros peut sauter, nager, courir contre les murs horizontalement et verticalement (comme dans le Prince of Persia d’UBI), faire des doubles ou triples sauts si deux parois sont suffisamment proches, s’accrocher à des barres horizontales pour y tournoyer avant de se lancer dans les airs, se déplacer pendu dans le vide accroché à une corniche, faire des roulades et même courir sur l’eau… Bref, les possibilités ne manquent pas, loin de là, et il faudra souvent bien réfléchir et analyser l’environnement avant de déclarer forfait face à ce qui semble au départ être une impasse.

L’autre point essentiel à aborder lorsque l’on parle de Ninja Gaiden, qui découle directement du nombre faramineux de possibilités offertes par le jeu, est qu’il faudra obligatoirement passer par une phase d’apprentissage, certainement longue et difficile pour certains, mais ô combien jouissive une fois maîtrisée. Apprendre… ou ré-apprendre… Et là je veux parler des « anciens », ceux qui ont claqués des tonnes de pièces de 10 dans les bornes d’arcade, ceux qui, vers la fin des années 80, passaient des heures à faire et refaire le même niveau bloqué par ce satané boss de fin, ceux qui ont connu le lancer de pad voire même de cartouche… Ninja Gaiden est dans le fond un jeu purement old-school, intransigeant, implacable, chaque ennemi est un danger potentiel ! Les boss ont une barre de vie 4 à 5 fois comme celle de Ryu au départ, les niveaux sont vastes, complexes et regorgent de secrets. Et à chaque nouveau type d’ennemi rencontré, si on ne prend pas garde, c’est le Game Over qui tombe comme un couperet. Heureusement, les continues sont infinis et des points de sauvegarde salvateurs sont disséminés ici et là… Mais, en fait, de mémoire de joueur, cela faisait bien longtemps qu’un jeu ne m’avais pas donné autant de fil à retordre. Ninja Gaiden s’adresse clairement davantage à ceux qui sont tombés dans la marmite quand ils étaient petits qu’aux jeunes joueurs habitués depuis quelques années à plus d’indulgence. Le choix de Tecmo de faire de Ninja Gaiden un jeu de ce type est d’ailleurs très surprenant par rapport à ce que l’on trouve sur le marché actuel. Ceci dit, c’est un véritable hommage au genre qu’est le beat’em all que nous livre là la Team Ninja ! Un jeu prenant, varié, furieux, complexe et magnifique. Une sorte d’OVNI que les fans d’action n’ont pas le droit de rater !

 

Technique

Ninja Gaiden sublime le genre du beat’em all ! Tout est fait pour flatter la rétine et le potentiel de la Xbox est utilisé à merveille. La Team Ninja montre encore une fois tout son savoir-faire en matière de programmation, et ça fait mal !
19/20
Audio

Les musiques sont toujours de bon ton et savent rester discrètes quand il le faut, quoiqu’un peu répétitives parfois. Les voix ne sont là qu’épisodiquement mais collent très bien aux personnages.
18/20
Jouabilité

Un gameplay nerveux et jouissif mais complexe, voilà ce qu’offre Ninja Gaiden pour simplifier. Certains pesteront sûrement contre les caméras parfois un peu folles, mais c’est le prix à payer pour des combats dynamiques à souhait !
17/20
Intérêt

Seize niveaux vastes et complexes, un gameplay aux petits oignons, des tonnes de combos par armes, un mélange de genres audacieux et réussi… Du tout bon pour ce titre qui vous occupera durant de longues heures…
18/20
NOTE GLOBALE
Ryu Hayabusa est de retour et la Team Ninja ne s’est pas foutue de nous ! Ninja Gaiden est un petit bijou, un jeu qui a su garder l’esprit de ses illustres ancêtres tout en adoptant ce qui se fait de mieux aujourd’hui au niveau technique sur console nouvelle génération. Furieux mais complexe, l’apprentissage est un passage obligatoire. Ce sera certainement dur pour certains joueurs habitués aux titres « grand public », mais le jeu en vaut la chandelle. Une fois les commandes en main, la sensation de puissance et de domination est encore plus forte que dans Devil May Cry ! Merci monsieur Tomonobu Itagaki et votre équipe pour cet hommage à la série des Ninja Gaiden et aux beat’em all en général… Encore !…
18/20

+ Graphismes
+ Animations
+ La sensation de puissance
+ Les armes et combos
+ Le design (niveaux, persos)
+ Durée de vie
+ Le challenge – Caméra capricieuse parfois
– Le scénario